Introduction
À l’occasion de la Journée mondiale de la fraternité humaine, célébrée le 4 février, une table ronde s’est tenue à l'Institut Œcuménique de Théologie Al Mowafaqa autour du thème « Envisager la fraternité, chance pour le dialogue interreligieux ». Cette rencontre a réuni un universitaire, un acteur associatif et un responsable religieux, issus des traditions chrétienne, musulmane et juive, afin d’explorer ensemble les dynamiques de la fraternité dans le cadre du dialogue interreligieux.
Dans cet article, nous vous proposons de retrouver l’intégralité des interventions de cette table ronde, afin de prolonger la réflexion sur le rôle essentiel de la fraternité dans le dialogue interreligieux.
Revoir la Table Ronde
Première Intervention : Père Paulin Batairwa Kubuya, sx : Missionnaire xavérien sous-secrétaire du Dicastère pour le Dialogue Interreligieux - Vatican
Chers amis, et mieux encore si vous me le permettez, chers frères et sœurs!
C’est un grand honneur pour moi de participer à cette table ronde célébrant la Journée de la Fraternité Humaine. Avant toute chose, je tiens à exprimer ma profonde gratitude aux organisateurs pour leur invitation, en ma qualité de Sous-secrétaire du Dicastère pour le Dialogue Interreligieux. Au nom de notre Dicastère, je vous remercie chaleureusement pour l’amitié, la confiance et, surtout, la précieuse collaboration que vous nous témoignez.
Je profite également de cette occasion pour vous transmettre les salutations cordiales de notre Préfet, Son Éminence le Cardinal George Jacob Kavookad, récemment nommé à la tête de notre Dicastère.
En abordant le thème de cette table ronde, “Envisager la fraternité humaine : une chance pour le dialogue interreligieux”, permettez-moi de commencer par une réflexion concise sur trois qualificatifs fait par le regretté Cardinal Miguel Ángel Ayuso Guixot, du Document sur la Fraternité Humaine pour la paix mondiale et la coexistence commune. Nous connaissons tous son engagement remarquable dans la promotion de ce document, ainsi que son soutien à l’instauration de la Journée mondiale de la Fraternité Humaine, célébrée le 4 février.
Dans une présentation qu’il faisait de ce document, signé le 4 février 2019 à Abou Dhabi par le Pape François et le Grand Imam d’Al-Azhar Ahmad al-Tayyeb, le Cardinal décrivait ce texte comme :
« Un document historique pour les croyants des diverses religions, ainsi que pour toutes les personnes de bonne volonté. C’est la famille humaine tout entière qui est interpellée et impliquée. Bien qu’issu d’une longue et attentive réflexion commune entre musulmans et catholiques, il ne contient rien qui ne puisse être partagé par d’autres. Il s’agit d’une invitation concrète à la fraternité universelle, qui concerne chaque homme et chaque femme. Ce n’est donc pas un document confessionnel, ni un texte exclusivement islamo-chrétien, bien que la spiritualité des deux signataires transparesse en filigrane. C’est plutôt un document ouvert à tous, accessible et partageable par tous. »(Cardinal M.A. Ayuso Guixot, 17 septembre 2019)
Trois qualificatifs se dégagent des réflexions du Cardinal :
Un jalon historique : Le Cardinal qualifiait ce document de "milestone" – jalon historique, un terme fort qui ne vise pas simplement à populariser ou promouvoir ce texte, mais à souligner son rôle fondamental dans le cheminement vers une fraternité universelle.
Un document universel : Bien que préparé dans un contexte islamo-catholique et signé par les figures notoires de ces traditions religieuses, ce texte ne se limite pas à un cadre confessionnel. Comme le soulignait le Cardinal, « il s’agit d’un document ouvert à tous, accessible et partageable par tous, parce qu’il parle de ce qui est commun à toute l’humanité. » Cette précision éclaire la nature et l’identité du document, qui transcendent les frontières religieuses.
Une continuité dans le dialogue : Enfin, le Cardinal rappelait avec force : « Avec le Document d'Abou Dhabi, il n'y a eu aucun changement de cap ni aucune rupture avec ce qui a précédé. C’est, au contraire, une nouvelle fenêtre qui s’est ouverte, laissant entrer l’oxygène vivifiant du dialogue. »
Ces paroles résonnent aujourd’hui comme une invitation renouvelée à explorer ensemble les chemins de la fraternité humaine, en s’appuyant sur cet héritage précieux qui unit croyants de toutes traditions et personnes de bonne volonté. Comme le rappelait le Cardinal Miguel Ángel Ayuso Guixot à l’occasion du premier anniversaire de la Journée de la fraternité universelle : « Cette célébration internationale annuelle de la fraternité humaine nous rappelle que nous sommes bien plus que nos différences, que chacun de nous a sa place dans la famille humaine » (4 février 2022). La fraternité se concrétise dans la promotion de la paix, de la justice et du bien commun, autant de valeurs mises en lumière dans le Document sur la Fraternité Humaine.
FH en grande lignes
Je ne doute pas de la familiarité que nous avons tous avec ce texte. Cependant, il n’y a aucun mal à en esquisser brièvement le contenu. Ce document souligne l’importance cruciale du rôle des religions dans la guérison du monde, en mettant en lumière les points suivants :
La conviction profonde que les enseignements authentiques des religions nous appellent à rester enracinés dans les valeurs de paix, à défendre la compréhension mutuelle, la fraternité humaine et la coexistence harmonieuse ;
La liberté, droit fondamental de chaque individu, qui inclut la liberté de croyance, de pensée, d’expression et d’action ;
Le dialogue, la compréhension et la promotion d’une culture de tolérance, d’acceptation de l’autre et de coexistence pacifique, qui pourraient significativement réduire de nombreux problèmes économiques, sociaux, politiques et environnementaux pesant sur une grande partie de l’humanité ;
Le dialogue entre croyants, conçu comme une rencontre dans le vaste espace des valeurs spirituelles, humaines et sociales partagées, afin de transmettre les plus hautes vertus morales promues par les religions ;
La protection des lieux de culte – synagogues, églises et mosquées (temples…)– qui symbolisent la liberté de foi et la dignité humaine ;
La condamnation du terrorisme, qui menace la sécurité des personnes. Ce fléau ne découle pas de la religion, même si certains tentent de l’instrumentaliser, mais résulte plutôt d’interprétations erronées des textes religieux et de politiques associées à la faim, à la pauvreté, à l’injustice, à l’oppression et à l’orgueil ;
Le concept de citoyenneté, fondé sur l’égalité des droits et des devoirs, garantissant justice et équité pour tous ;
L’importance des relations harmonieuses entre l’Orient et l’Occident, qui sont indéniablement nécessaires pour les deux parties ;
La reconnaissance des droits des femmes, notamment à l’éducation, à l’emploi et à l’exercice de leurs droits politiques. Il est essentiel de réviser les lois qui entravent leur pleine jouissance de ces droits ;
La protection des droits fondamentaux des enfants, en dénonçant toutes les pratiques qui portent atteinte à leur dignité et à leurs droits ;
La protection des droits des personnes âgées, des personnes vulnérables, des handicapés et des opprimés.
Le document appelle à ce que ces principes soient traduits en politiques concrètes, en décisions, en textes législatifs, ainsi qu’en programmes éducatifs diffusés aux niveaux régional et international. Il encourage également les écoles, les universités et les instituts de formation à utiliser ces principes comme base de réflexion et d’étude approfondie.
Trois ressourcements de l’enseignement du document FH.
Bien qu’on ait dit plus haut que le Document sur la Fraternité humaine pour la paix mondiale et la coexistence commune, n’est pas un document confessionnel, il demeure que le lecteur catholique y dénichera tous les prérequis de l’enseignement de l’Eglise Catholique, i.e. enracinement et resourcement dans la spiritualité inspirée de Saintes Ecritures, le Magistère et la réflexion théologique.
Son enracinement scripturaire apparaît dès l’introduction, qui proclame une vérité fondamentale :
« La foi amène le croyant à voir dans l’autre un frère ou une sœur à soutenir et à aimer. Par la foi en Dieu, qui a créé l’univers, les créatures et tous les êtres humains (égaux en raison de sa miséricorde), les croyants sont appelés à exprimer cette fraternité humaine en sauvegardant la création et l’univers tout entier et en soutenant toutes les personnes, en particulier les plus pauvres et celles qui sont dans le besoin » (Introduction).
Cette affirmation repose sur le récit de la création tel qu’il est transmis dans la Révélation biblique. En effet, l’humanité tire son origine d’un même ancêtre : « Il a fait, à partir d’un seul homme, toutes les nations humaines » (Act 17,26 ; cf. Gen 1-2). Cependant, avec l’entrée du péché dans le monde, la fraternité humaine est brisée. Le meurtre d’Abel par son frère Caïn (Gen 4,1-8) manifeste cette rupture originelle des relations – avec Dieu, avec soi-même, avec autrui et avec la création. Cette dislocation de la fraternité et la violence qui en découle, qu’elle soit verbale, physique ou psychologique, se prolongent encore aujourd’hui dans les multiples conflits qui déchirent le monde.
C’est précisément dans cette dynamique de rédemption et de restauration que s’inscrit l’enseignement du Magistère. La foi chrétienne affirme que Jésus-Christ a restauré la fraternité universelle en nous introduisant dans une nouvelle relation avec Dieu, celle de fils adoptifs du Père en Lui. Cette théologie de la filiation divine, qui traverse tout le Nouveau Testament, éclaire le sens profond de la fraternité humaine. (Cfr. Heb. 2 : 14-18) Le concile Vatican II l’exprime avec force :
« Tous les peuples forment en effet une seule communauté ; ils ont une seule origine, puisque Dieu a fait habiter tout le genre humain sur toute la face de la terre (cf. Act 17,26) ; ils ont aussi une seule fin dernière, Dieu » (NA, 1).
Dans la continuité du Magistère, le Document sur la Fraternité humaine s’inscrit dans cette mission d’écoute et de discernement des signes des temps, comme l’Église l’a toujours fait à travers son enseignement et sa mission prophétique. Il met en lumière les joies et les défis du monde contemporain : d’une part, il reconnaît les avancées scientifiques, technologiques et thérapeutiques, l’ère numérique et le développement des moyens de communication. D’autre part, il dénonce les maux qui sapent la fraternité humaine : pauvreté, conflits, injustices sociales, corruption, inégalités, décadence morale, terrorisme, discrimination, extrémisme et bien d’autres fléaux.
C’est toutefois au cœur de ces ténèbres que le document apporte un message d’espérance, un appel prophétique adressé à toute l’humanité :
« Nous invitons toutes les personnes qui ont foi en Dieu et foi en la fraternité humaine à s’unir et à œuvrer ensemble afin que ce document puisse servir de guide aux générations futures, pour promouvoir une culture du respect mutuel dans la conscience de la grande grâce divine qui fait de tous les êtres humains des frères et sœurs ».
Ce message s’inscrit pleinement dans la tradition prophétique de l’Écriture et de l’Église. Comme les prophètes de l’Ancien Testament et Jean-Baptiste, il dénonce les injustices qui détruisent la fraternité et exhorte chacun à restaurer les valeurs universelles. Ainsi, il répond à l’appel incessant de l’Église à œuvrer pour la justice et la paix, conformément à l’enseignement du Christ : « Heureux les artisans de paix, car ils seront appelés fils de Dieu » (Mt 5,9).
Enraciné dans la Parole de Dieu, éclairé par l’enseignement du Magistère et nourri par la réflexion théologique, le Document sur la Fraternité humaine constitue un jalon majeur dans la promotion d’un dialogue authentique et d’une fraternité universelle, appelant chaque croyant et chaque personne de bonne volonté à être artisan de paix et de communion.
Le Pape François et le Document H.F.
Il serait aisé de compiler les propos du Pape François sur la fraternité, tels qu’exprimés dans ses discours. Dès le début de son pontificat, il a insisté sur la responsabilité de chacun dans la construction de la paix. Pour lui, la prière est une réalité universelle, essentielle à toute tradition religieuse, qu’elle se manifeste par une invocation explicite à Dieu ou par une ouverture au mystère transcendant.
L’aspiration à la paix se traduit dans le désir des croyants de prier pour la paix, d’œuvrer pour le bien commun et de dialoguer en frères. C’est pourquoi le dialogue interreligieux puise sa force dans la foi. Cette ouverture universelle se retrouve dans les enseignements ultérieurs du Pape, qui appelle à une solidarité concrète avec les plus pauvres, en signe de fraternité. Il rappelle que « Dieu a créé le ciel et la terre pour tous ; ce sont les hommes qui ont érigé des frontières, des murs et des clôtures » (Message pour la Journée mondiale des pauvres, 2017). Son Message de Noël 2018 prolonge cette vision en soulignant que les différences ne sont pas un obstacle, mais une richesse : « Comme dans une famille, nous sommes différents, mais un lien indissoluble nous unit. Dans la famille humaine, c’est Dieu qui est le fondement de notre fraternité » (Message Urbi et Orbi, 2018).
Le Pape François fait du Document un appel prophétique adressé à tous, bien au-delà des seuls catholiques, nous invitant à redécouvrir l’humanité comme socle commun. Ses gestes en témoignent : à Bangui, malgré les risques, il visite la grande mosquée, priant aux côtés de ses frères musulmans. En Irak, à Ur, lieu d’Abraham, père des croyants, il laisse un message aussi simple que puissant : « Vous êtes des frères. »
Le Document d’Abou Dhabi marque un tournant en faisant du dialogue un élément constitutif de toute expérience religieuse, au service d’une fraternité capable de dépasser les conflits et toute prétention de supériorité idéologique, politique ou religieuse. Il est ainsi un éveil des consciences, une invitation à reconnaître et à vivre pleinement la fraternité universelle.
HF inspiration pour l’encyclique Fratelli tutti pour le dialogue social.
Fratelli Tutti est le premier grand document pontifical issu d’une authentique expérience interreligieuse, développée à partir des relations entre le Pape François et le Grand Imam Ahmad al-Tayyeb. Il intègre le pluralisme religieux comme cadre d’exploration de la fraternité et de l’amitié sociale, tout en affirmant que le dialogue est « une expression authentique de l’humain » et « un moyen de transformer la compétition en collaboration ».
Le Pape François témoigne dans Fratelli Tutti de l’inspiration qu’il a trouvée dans leur rencontre à Abou Dhabi, où ils ont déclaré que « Dieu a créé tous les êtres humains égaux en droits, en devoirs et en dignité, et les a appelés à vivre ensemble comme des frères et sœurs », citant ainsi le Document sur la Fraternité Humaine. L’encyclique reprend et approfondit plusieurs thèmes de ce document, tout en y apportant ses propres réflexions (FT 5), et se présente comme une encyclique sociale visant à répondre aux « tentatives actuelles d’éliminer ou d’ignorer l’autre » (FT 6). Écrite à partir d’une conviction chrétienne, elle s’adresse cependant à toutes les personnes de bonne volonté, dans un esprit de dialogue universel (FT 6). Le Pape François y exprime son rêve de raviver l’aspiration à une fraternité universelle, remplaçant le tribalisme par un engagement commun :
« Rêvons donc, comme une seule famille humaine, comme des compagnons de voyage partageant la même chair, comme des enfants de la même terre, qui est notre maison commune, chacun de nous apportant la richesse de ses croyances et de ses convictions, chacun de nous avec sa propre voix, frères et sœurs tous. » (FT 8)
Le dernier chapitre de l’encyclique, intitulé « Dialogue au service de la fraternité », affirme que le dialogue interreligieux ne doit pas se limiter à la diplomatie ou à la tolérance, mais viser l’amitié, la paix et l’harmonie, en partageant valeurs et expériences spirituelles dans un esprit de vérité et d’amour (FT 271). Ce dialogue a une double dimension : verticale, en ouvrant le croyant à la vérité transcendante, et horizontale, en reconnaissant l’autre comme frère ou sœur en chemin (FT 274). L’amour de Dieu et du prochain y sont indissociables, faisant du dialogue un véritable chemin de communion universelle (FT 277), sans pour autant exiger un renoncement aux convictions profondes (FT 282). De même, l’unité chrétienne passe par un témoignage commun de l’amour de Dieu, incarné dans un service partagé (FT 280).
Fratelli Tutti approfondit ainsi le message du Document sur la Fraternité Humaine, en l’enracinant dans une vision universelle du dialogue et de la fraternité. Elle réaffirme la liberté religieuse pour tous (FT 279) et dénonce fermement l’instrumentalisation de la religion à des fins de violence politique. Le Pape François rappelle la mission essentielle des leaders religieux : être des « artisans de paix », œuvrer à l’unité plutôt qu’à la division, éteindre les flammes de la haine au lieu de les attiser et favoriser l’ouverture au dialogue plutôt que l’édification de murs (FT 284). Enfin, FT 285 se réfère explicitement au Document d’Abou Dhabi, soulignant que paix, justice et fraternité sont essentielles à la guérison et à la réconciliation du monde.
Ces deux textes – Fraternité Humaine et Fratelli tutti - s’entrelacent pour offrir une vision commune d’un dialogue interreligieux au service du bien de toute l’humanité.
Et pour dire un dernier mot, en aphorisme, notons que la fraternité dépasse l’amitié : on choisit un ami, mais non un frère ou une sœur. Pourtant, l’amitié, librement consentie, peut enrichir la fraternité en lui apportant intensité et profondeur.
Deuxième intervention : André Gomel, Vice président de l’Association les Amis du Judaïsme Marocain (AJM) - Maroc
Plus d'information à venir sur leur activités
Troisième intervention : Youssef NOUIOUAR, chercheur en islam de France et dialogue interreligieux - Maroc
Introduction et remerciement
Je remercie l’institut AL MOWAFAQA pour l’organisation de cette table ronde, et le choix du thème fondamentale sur la fraternité et le dialogue interreligieux. Je suis heureux d’être dans ce lieu atypique (unique au monde !) de rencontre, de dialogue et de formation qui suscite un intérêt grandissant de part et d’autre des rives de la méditerranée. Je remarque qu’il offre des occasions de rapprochement entre les cadres religieux Catholiques et Protestant avec une ouverture sur le sud, et sur l’islam et les musulmans.
Mes remerciements vont au nouveau directeur de cet établissement, M Jean Patrick Nkolo Fanga, à qui je souhaite beaucoup de succès dans sa nouvelle mission. Mes remerciements à Mme Myriam khrouz pour la gestion de cette rencontre, à M Christophe Roucou que j’ai connu dans une autre vie, principalement à la ville de Sète ou l’association Construire Ensemble une Culture de Paix (que j’ai présidé) l’a invité à deux reprises. Je tiens à vous féliciter, car depuis votre arrivée au Maroc, vous avez donné un nouveau souffle à cet établissement et un rayonnement grandissant !
Je remercie mon ami Rolando RUIZ DURAN, très dynamique, très présent sur le terrain de l’interreligieux, qui ne cesse de tisser des liens d’amitié de fraternité avec les musulmans, les juifs, et les communautés chrétiennes au Maroc. Il essaye aussi d’œuvrer pour rapprocher des personnes de la même communauté les uns les autres et créer d’avantage de liens et d’occasions de rencontres et d’échanges entre les responsables et acteurs associatifs musulmans avec musulmans, musulmans et juifs, musulmans et franciscains, etc.
La symbolique du 04 février, proclamée par l'ONU journée mondiale de la fraternité humaine depuis décembre 2020, est devenue une date clé qui meuble le calendrier interreligieux à travers le monde, ouvrant la porte à des initiatives et des rencontres entre les différents responsables religieux et acteurs associatifs sensibles à cette thématique. Le but est d’« Encourager les activités destinées à promouvoir le dialogue entre les religions et les cultures de manière à renforcer la paix et la stabilité sociale ».
La lecture du titre de cette table ronde : Envisager la fraternité Humaine, chance pour le dialogue interreligieux, est un peu problématique et suscite quelques interrogations. « Envisager la fraternité », l’objet du verbe « envisager » suppose qu’il n’est pas réalisé, ou plutôt n’est pas effectivement établie. Il inclut la notion de regarder de voir et invite à porter une nouvelle attention, un nouveau regard, une nouvelle réflexion sur la fraternité humaine. « Envisager » implique aussi la notion mettre en place un projet qui n’est pas évident et appelle à déployer des efforts pour le réaliser, avec peut-être des ajustements, des rectifications, des évaluations etc… ce qui nous amène à une question sou jacente : la fraternité Humaine pourrait-elle être une chance pour le dialogue interreligieux dans le contexte mondial actuel ? Si oui, et si l’on admet cette possibilité ou cette chance, comment faire de la fraternité Humaine une éventualité, une entrée pour le dialogue interreligieux ? Peut-on voir en elle une force unificatrice qui relève les défis du le dialogue interreligieux ?
Je vais essayer de répartir mon intervention en trois temps : d’abord expliquer la notion de fraternité selon les textes fondamentaux de l’islam, notamment le coran et la sunna du prophète Mohamed ; ensuite évoquer la fraternité humaine à travers une expérience sur le terrain de l’association Construire Ensemble une Culture de Paix à la ville de Sète au sud de la France, et enfin esquisser quelques défis et obstacles devant le concept de la fraternité et le dialogue interreligieux, et tenter d’y répondre.
Axe 1 : La fraternité humaine dans les textes et sources islamiques
C’est d’abord une réalité anthropologique, on peut retrouver cette fraternité humaine par le fait qu’on partage les même ADN, de la même nature voulu par Dieu. Une fraternité biologique inscrite dans notre nature. Ensuite les textes et sources religieuses viennent conforter cette réalité biologique et mettre un certain relief, quelques nuances aux différentes formes de fraternité
Donc la question qui se pose, Y a-t-il dans les textes fondateurs de l’islam ce qui confirme l’idée de la fraternité humaine ? Peut-on construire la fraternité entre les croyants sur la base du principe coranique « A vous votre religion, et à moi la mienne », dans le respect total de l’autre et de ses droits ... ?[1]
Dans la tradition musulmane plusieurs versets du Coran[2] confortent cette réalité. Dieu confirme ce principe en disant : « Ô hommes ! Craignez votre Seigneur qui vous a créés d’un seul être et qui, ayant tiré de celui-ci son épouse, fit naître de ce couple tant d’êtres humains, hommes et femmes. Craignez Allah au nom duquel vous vous demandez mutuellement assistance, et craignez de rompre les liens du sang. Certes, Allah vous observe en permanence » Coran s 4 v 1وحدة الأصل
Ce verset s’adresse à tous les êtres humains, leur rappelant leur origine commune. Il établit, ainsi, le principe de la fraternité humaine d’une façon générale. L’humanité issue d’une volonté unique, se rejoint en une seule matrice, se confond en une seule racine, et appartient à une seule famille.
De son côté, le Prophète, que la Paix et la Bénédiction de Dieu soient sur lui, a fait de la fraternité humaine un élément essentiel et fondamental de son message. Il déclare que les hommes sont tous des frères dans la mesure où Dieu est le Créateur de tous, et qu’Adam est leur père à tous : « Ô hommes ! Certes votre Seigneur est un et certes votre père est un. Il n'y a pas de mérite pour un arabe sur un non-arabe, ni pour un non-arabe sur un arabe, ni du rouge sur le noir, ni du noir sur le rouge si ce n'est par la piété. Ais-je transmis ? »
– Le Messager d’Allah a bien transmis le message, ont-ils répondu. »[3]
Dans un autre Hadith, le Prophète, que la Paix et la Bénédiction de Dieu soient sur lui, dit : « Aucun d’entre vous ne peut prétendre à la plénitude de la foi jusqu’à ce qu’il aime pour son frère ce qu’il aime pour lui-même ». Certains diront que ce hadit est destiné aux croyants musulmans, une fraternité religieuse, ce qui n’est pas faux !
Si on lit les textes de l’islam et en réunissons les sources fondamentales Versets et Hadits ; Nous remarquons que cette fraternité se décline en trois niveaux, on peut distinguer trois voire quatre cercles de fraternité.
Ø 1er cercle : d’abord il y a La fraternité du sang. la fraternité au sein de la famille, Elle est le lien naturel et biologique qui unit les membres d’une même famille. Le cadre qui offre une première socialisation. Cette forme de fraternité enseigne les valeurs d'entraide, la solidarité et la responsabilité.
Ø 2ème cercle : La fraternité religieuse [4]la fraternité entre les musulmans du monde entier. Dans de nombreuses traditions spirituelles, la fraternité transcende le lien biologique pour inclure les coreligionnaires frères en Dieu. et qui fait référence à la notion de la « ouma ». Dans l’Islam, la "Oumma" symbolise une fraternité universelle basée sur la foi. Le christianisme met en avant la notion de "frères en Christ", tandis que le bouddhisme promeut l'idée d'une « communauté unie dans la recherche de l'éveil ».
Ø 3ème cercle est plus large : la fraternité Humaine dites aussi La fraternité universelle. Cette forme repose sur la reconnaissance de l’humanité commune qui unit tous les êtres humains. Elle invite à dépasser les barrières ethniques, religieuses ou culturelles pour promouvoir une solidarité globale.
Ø Au sein de cette fraternité une attention particulière est attribuée aux juifs et chrétiens, nommés dans le Coran par gens du livre : «O gens du Livre, venez à une parole commune entre nous et vous : que nous n'adorions qu'Allah, sans rien Lui associer, et que nous ne prenions point les uns les autres pour seigneurs en dehors d'Allah». Puis, s'ils tournent le dos, dites : «Soyez témoins que nous, nous sommes soumisمسلمون » [5]AL IMRANE VERSET 64
Ø Au sein du Coran, plusieurs versets s’adressent à l’ensemble des croyants monothéistes en donnant un statut spécifique aux Juifs et aux Chrétiens. Et une obligation pour les musulmans de ne pas leurs parlés ou discuter avec eux qu’avec la plus douce des manières. « Et ne discutez que de la meilleure façon avec les gens du Livre, sauf ceux d'entre eux qui sont injustes » سورة العنكبوت آية
Ø Quelle est la finalité de cette fraternité humaine en islam ?
Une première réponse est indiquée dans ce verset important :
« Ô hommes ! Nous vous avons créés d’un mâle et d’une femelle, et Nous avons fait de vous des peuples et des tribus, pour que vous vous entre connaissiez » Coran s 49 v 13
Ce verset encore établit clairement le principe de la fraternité humaine et la diversité des peuples et tribus…faisant abstraction de tous les facteurs qui différencient les hommes, qu’ils soient d’ordre racial, national ou social puisque leur origine est commune. Mais dans quel but cette diversité est-elle établie ?
Le but de la diversité est la rencontre : Pour que vous vous entre connaissiez veut dire, créer des rencontres, des occasions et des outils qui permettent de lever les incompréhensions, les idées reçues et nous amène à mieux nous connaître pour s'apprécier et s'aider mutuellement. La réussite de la mission de l'être humain sur terre est liée inéluctablement à ce bon échange et à ce respect mutuel. Point de fraternité, sans faire l’effort de connaître l’autre ; la connaissance est la première étape qui permet de bâtir des ponts avec l’autre.
La fraternité doit donc devenir une réalité qui se conjugue continuellement au présent pour se transformer en une fraternité de conviction. Dès lors que l’on prend conscience de cette responsabilité, cela exige un engagement concret, une action constante. Cela me permet la transition vers la deuxième partie de mon intervention ou je présenterai un exemple de terrain qui témoigne de la fraternité humaine….
Axe 2 : La fraternité dans la diversité : l’exemple d’une association interreligieuse (CECP) à Sète.
Je vais essayer présenter un témoignage personnel et aborder une expérience qui concrétise le dialogue interreligieux, la fraternité Humaine, le vivre ensemble. L’expérience d’une association active au sud de la France avec laquelle j’ai travaillé pendant plusieurs années. Là aussi on trouve toujours l’écho du verset cité auparavant : « pour que vous vous entre connaissiez ». Donc au sein de cette association nous avons visé en premier lieu une meilleure connaissance de l’autre, et j’aimerais dire une meilleur connaissance de « nous », ce nous, qui est hétérogène et divers.
J’avoue que je n’avais pas une attention ou une sensibilité particulière au thématique de l’interreligieux avant de venir en France. Je n’ai découvert cet univers qu’en 2011, suite à l’invitation d’un couple franciscains à Sète qui avait lancé un mouvement « désir de paix » (un mouvement local inspiré de la rencontre d’assise en 1986, suite à l’appel du pape J.P II pour prier ensemble). Alors ce couple invite les responsables religieux de la ville et les personnes sensibles à cette thématique pour participer à une soirée spirituelle dans une église et prier ensemble (catholiques, protestants, juifs et musulmans) à l’image de la prière à Assise.
J’étais un peu perplexe, le concept de « prier ensemble » n’était pas claire pour moi, voire bizard, une première expérience ou aventure qui suscite beaucoup de questions sans réponses : comment se déroule cette prière ? Qui prie-t-on, Est ce qu’on évoquera jésus dans cette prière, de quelle manière ? Est-ce que cette prière au niveau gestuel, rituel, sera à l’image de celle des musulmans, ou des catholiques ou … ? Plein de questions qui me traversaient l’esprit sans que je trouve la réponse, Mais j’ai décidé comme même d'y aller avec beaucoup de prudence et de curiosité.
En réalité, parmi les raisons qui m’ont poussé à participer à cette soirée :
- Rien dans l’islam ne l’interdit, au contraire le verset coranique cité auparavant invite à une connaissance mutuelle avec autrui :
- Deuxièmement essayer de donner une bonne image des musulmans en France qui souffrent au quotidien d’un matraquage politico-médiatique, le radicalisme, le terrorisme, le voile, le halal, le bourkini etc
- La troisième raison se trouve dans l’appréciation de certains dirigeant de mosquée qui ne voient pas l’utilité des rencontre interreligieuses, ou du moins ça ne fais pas partie de leurs priorités, ils sont confrontés à beaucoup de difficultés dans la gestion et le financement des lieux de culte musulman. Certains sont prisonniers d’une vision importée du rôle de la mosquée dans les pays musulmans ou on ne trouve pas d’activités interreligieuses. Cette situation m’a imposé la charge de participer à la correction de cette vision, de soigner ce regard et de remédier à ce vide dans l’interreligieux.
C’est dans ce cercle ou j’ai fait la connaissance du curé de la ville, de la pasteur protestante, du présidente de l’association cultuel juive à Sète, des fidèles du mouvement focolard , et de plusieurs personnalités et responsables religieux.. (j’ai senti chez eux beaucoup de respect à l’égard de ma religion sans tentation de prosélytisme ou influence !)
En décembre 2014, les représentants des cultes catholique, protestant, juif et musulman de la ville de Sète plantent ensemble un « olivier de paix » sur le mont Saint-Clair[6], un endroit stratégique de la ville, en présence du maire de quelques élus et sympathisants associatifs.
Après plusieurs années de rencontres ponctuelles et limitées dans le cadre de « Désir de paix », une amitié a commencé à se tisser entre les responsables des cultes à Sète, qui ont senti le besoin d’aller plus loin dans des initiatives et des rencontres interreligieuses.
En 2016 l’association CECP a vu le jour. Chaque année un programme a été élaboré autour de trois axes principaux : « réfléchir ensemble », « sortir ensemble » et « rire ensemble ». On ne peut dans le cadre de cette intervention énumérer toutes les actions réalisées, mais on essayera de rappeler quelques moments phares de la vie de cette jeune association.
En juin 2017 l’association a organisé son premier colloque au sujet des « enjeux du dialogue interreligieux dans le monde d’aujourd’hui », et en juin 2022 un second colloque au sujet de « la laïcité quel projet de société ? ». La proposition de ces sujets émane également d’un souci académique de comprendre la réalité et la place du religieux en France au début du XXIe siècle.
Dans le volet « sortir ensemble », en vue d’offrir des moments de rencontre et de convivialité entre les fidèles catholiques, protestants, juifs, musulmans et bien d’autres, l’association a organisé plusieurs sorties avec des circuits mixtes qui joignent le plaisir des balades dans la nature avec l’enrichissement culturel et la découverte du patrimoine religieux et historique au sud de la France[7]. Elles créaient des occasions, de partage, de découverte entre les fidèles de différentes confessions. Lors d’une sortie, nous avons remarqué des mamans juives servir à quelques enfants musulmans du jus d’orange ; les musulmanes partageaient leurs goûters avec le groupe. C’était un moment émouvant de voir les familles catholiques, protestantes, musulmanes et juives se promener ensemble sous le soleil doux d’une journée printanière. Une image rare et forte de symboles. La pasteure protestante a commenté : « nous sommes en train d’écrire une brève ligne d’histoire ! ». Au mois du Ramadan, l’association s’est mobilisée avec la mosquée et une association femmes du soleil pour organiser un repas de rupture de jeûne convivial et fraternel sur invitation de la communauté musulmane
Dans la foulée de son programme, l’association CECP propose chaque année à ses adhérents, d’assister ensemble à des films drôles, comiques, de préférence ceux qui évoquent des thèmes tel que les religions et l’immigration… d’une façon indirecte et essayer de capturer des moments de « rire ensemble ».
J’ai un peu le sentiment que cette collaboration et cet échange font que le chrétien devient un meilleur chrétien, que le musulman devient un meilleur musulman, que le juive devient un meilleur juive et que la société elle- même, fruit de cette collaboration, devient elle aussi meilleure. Autrement dit la diversité religieuse et culturelle auxquelles ils étaient confrontés les a aidés à « ajuster leur foi » selon l’expression du pasteure protestante et les a soutenus dans leur cheminement spirituel. Leurs identités acceptent de se rapprocher mais que chacune reste ce qu’elle est. Certains ont le sentiment que l’altérité religieuse et les interactions avec les autres croyants les poussent à se questionner et à évoluer en mieux.
Une fragilité latente menace en permanence la cohésion du bureau, et les différences culturelles et religieuses peuvent être sources de tensions. (Gérard Eva paradis) Les membres du Bureau adoptent le principe démocratique, cependant nous avons remarqué que les décisions sont souvent prises par compromis et dans un esprit de consensus. Le souci de vexer ou de heurter les sensibilités est omniprésent. Certains sujets clivant entre les catholiques et les protestants par exemple ou entre les juifs et les musulmans n’ont jamais été évoqués. L’amitié affichée entre les membres du bureau et la volonté de construire ensemble ont souvent transcendé les différences religieuses pour apprendre à vivre la diversité.
L’observation participante montre la présence au sein du bureau d’une identité propre à l’interreligieux et au vivre-ensemble. Comme si l’identité religieuse ou convictionnelle de chacun passe au deuxième plan pour laisser la place à une identité associative, ou une fraternité universelle que les différents représentants des cultes tentent de promouvoir et de manifester. [8]
CONCLUSION
Je profite de la conclusion pour répondre à une question récurrente. Les détracteurs du dialogue interreligieux posent souvent la question de l’utilité de ces démarches et ces rencontres interreligieuses, que ce sujet est devenu une sorte de rituel rhétorique récurent propre au paysage international (médiatique, diplomatique et intellectuel) et, qu’en fin de compte, tout cela n’aurait réduit nullement la tension ou la conflictualité qui marquent les relations entre les adeptes des différentes traditions religieuses dans le monde contemporain ?
D’abord il est crucial de ne pas céder au scepticisme et de reconnaître la valeur fondamentale de ces démarches, tout en étant lucide sur leurs limites et les défis à surmonter. Ces rencontres[9] ne prétendent pas résoudre les conflits et les tensions dans le monde, loin de là ! ils s’inscrivent d’abord dans l’idée que nous avons évoqué auparavant لتعارفوا « pour que vous vous entre connaissiez »; et aussi faire face aux défis communs et promouvoir les valeurs communes, tél est notre champs de travail et d’intervention : Les grandes traditions religieuses partagent des valeurs communes, telles que la justice, la paix, la solidarité et le respect de la dignité humaine. Le dialogue interreligieux permet de réfléchir ensemble sur les défis contemporains (crise écologique, pauvreté, inégalités, etc.) et de proposer des solutions communes.
Donc vivre la fraternité humaine comme projet de société ; comme un idéal à bâtir. Pour cela nous devrons chercher en permanence à promouvoir la paix dans un esprit de fraternité et de solidarité qui ne se satisfait pas de relation superficielle pour éviter des conflits. La paix n’est pas le résultat de l’absence de conflits, elle est plus exigeante et requiert de porter en soi les valeurs de l’équilibre et de la coexistence. L’autre, dans sa différence, devient le compagnon nécessaire à notre cheminement vers Dieu
Pour conclure, Je vous propose cette citation de l'écrivain Amin Maalouf :
"Ce n'est pas la différence qui engendre la violence, c'est le refus de la différence."
[1] https://gric-international.org/2024/fraternite/le-frere-dans-le-coran-par-lajmi-chabchoub-samia-gric-tunis/
Visité le 29 01 2025.
[2] Les musulmans ont deux sources religieuses principales : Le coran et la sunna (les dits et faits du prophète Mohamed). Les autres sources secondaires par classement d’importance et priorité on trouve l'ijmâ (consensus des savants) et le raisonnement analogique (qiyas) , etc
[3] عن جابر بن عبدالله رضي الله عنهما قال رسول الله صلى الله عليه وسلم : يا أيها الناس ! إن ربكم واحد و إن أباكم واحد ألا لافضل لعربي على عجمي و لا عجمي على عربي و لا لأحمر على أسود و لا لأسود على أحمر إلا بالتقوى إن أكرمكم عند الله أتقاكم ألا هل بلغت ؟
قالوا : بلى يا رسول الله
قال : فيبلغ الشاهد الغائب
[4] « Rappelez-vous les bénédictions de Dieu sur vous – vous étiez ennemis, et Il a réconcilié vos cœurs. Par Sa grâce, vous êtes devenus frères »3 : 103.Appelée aussi la fraternité en Dieu, elle est une caractéristique inhérente à la foi et accompagne la piété. Trouver la foi et la piété sans trouver à leurs côtés une véritable fraternité et une amitié sincère, c’est la preuve que la foi de la personne est incomplète et sa piété est prétendue.
Nommer frère celui qui appartient à la même religion est un principe qui élève la compatibilité dans la croyance au même rang que la compatibilité dans la lignée « Les croyants ne sont que des frères. Etablissez la concorde entre vos frères, et ayez de la piété envers Allah, afin qu’on vous fasse miséricorde »49 :10
[5] قُلْ يَا أَهْلَ الْكِتَابِ تَعَالَوْا إِلَىٰ كَلِمَةٍ سَوَاءٍ بَيْنَنَا وَبَيْنَكُمْ أَلَّا نَعْبُدَ إِلَّا اللَّهَ وَلَا نُشْرِكَ بِهِ شَيْئًا وَلَا يَتَّخِذَ بَعْضُنَا بَعْضًا أَرْبَابًا مِنْ دُونِ اللَّهِ ۚ فَإِنْ تَوَلَّوْا فَقُولُوا اشْهَدُوا بِأَنَّا مُسْلِمُونَ
[6] Un endroit stratégique de la ville de Sète avec une vue panoramique qui surplombe le cimetière, le port et la mer Méditerranée.
[7] On peut citer la sortie à Aigues mortes où la Tour de Constance qui évoque une époque douloureuse des protestants avant le mouvement œcuménique, la sortie à la Gardiole afin redécouvrir l’histoire de l’abbaye Saint Felix de Monceau, la sortie à la citée phénicienne de Mèze, etc
[8] "Si Allah ne repoussait pas les gens les uns par les autres، les ermitages seraient démolis, ainsi que les églises, les synagogues et les mosquées où le nom d'Allah est beaucoup invoqué. Allah soutient, certes, ceux qui soutiennent (Sa Religion). Allah est assurément Fort et Puissant,"Sourate22 verset 40.
[9] Ces rencontres ont plus d’impact dans les pays et les sociétés multiculturelles et multi religieuses. Cette thématique est moins attrayante dans les pays musulmans qui sont plutôt homogène au niveau religieux (l’islam sunnite dominant).
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